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Lorsque l’on demande à Yvan Ducharme qui a créé « Les insolences d’un téléphone », C’est très humblement et sans hésitation qu’il répond ; Alexander Graham Bell en ajoutant « J’ai seulement pris une idée vieille comme le téléphone lui-même, et j’en ai fait une émission radiophonique! » Voilà qui est bien modeste car il est bel et bien le créateur des « Insolences d’un téléphone ».
C’est en 1957 qu’Yvan plonge pour la première fois, du haut de ses vingt ans, dans le bassin radiophonique. Ces premières acrobaties furent dans sa région natale de l’Abitibi entre 1957 et 1959 où il travaille à diverses stations radiophoniques de la province (CKRN-Rouyn, CKVD-Val d’Or, CKLS-Lasarre, CHAD-Amos, CFBR-Sudbury / français et CHNO-Sudbury / anglais).
Il se déplace ensuite vers la ville de Timmins en Ontario (CFCL) où il raffine son style tant en anglais qu’en français et développe son nouveau concept : « Les Insolences d’un téléphone ». Il téléphone déjà des gens au hasard avec lesquels il converse en empruntant les voix de divers personnages qu’il crée de toutes pièces dont : Le journaliste Paul Senteux, Le politicien Réal Barouette, le bûcheron Jos Meloche, Les commères Madame LaBroue et Madame LaLangue, Jim Bérubé, Bang Bang Labrèche, le meilleur jouer de Hockey au Canada et bien évidemment Pinotte, son préféré, un petit garçon de 5 ans qui a su, au fil des ans, faire chavirer le cœur de bien des mamans.
C’est CJMS qui en 1963, alla chercher Yvan à Timmins afin de lui offrir un contrat pour animer l’émission du matin en lui donnant carte blanche. C’est donc à cette époque qu’il arrive à Montréal avec comme bagage « Les insolences d’un téléphone », ses nombreux personnages et son humour débordant. Il anime tous les jours, jusqu’en 1970, son émission matinale intitulée « Du Charme au réveil » qui obtient rapidement les meilleures cotes d’écoute radiophonique durant plusieurs années avec son style d’humour innovateur et révolutionnaire. Sans l’aide d’aucun technicien à cette époque, Yvan devait assurer la mise en onde, l’animation, la recherche, la présentation des nouvelles et la publicité en plus d’être lui-même le disque-jockey.
On dit de l’homme ; « Il est insolent mais avec humour, avec gentillesse », « Un insolent au cœur tendre » » (Échos Vedettes, 1963), « Le joueur de tour le plus célèbre de la métropole et d’ailleurs « …Un joueur de tours hors pair », « … Un boute-en-train impayable, capable de faire prendre n’importe qui, mais avec des blagues de bon aloi. » Nouvelles illustrées, 1964.
En 1969 Yvan Ducharme ouvre un bar à l’effigie des Insolences appelé « Le Bar aux insolences » qu’on caractérise comme « Une boîte bizarre, folle, pour gens corrects » (Nouvelles illustrées, 1969). Un endroit rempli de drôle d’objets et de gadgets… Un endroit qu’il qualifiait lui-même « d’endroit idéal pour les gens qui ont peur de sortir ». Un endroit où les gens pouvaient venir choisir et écouter diverses « Insolence d’un téléphone » grâce à un menu qui offrait une grande sélection.
Durant ces années, il endisque près d’une dizaine de microsillons francophones d’insolences d’un téléphone, de pensées et de poèmes qu’il récite lui-même. En plus de mettre sur le marché deux albums d’insolences d’un téléphone mais en anglais cette fois.
Yvan fait alors régulièrement la manchette des journaux, on le suit, on en parle, la critique est favorable, les auditeurs en raffolent, les lettres des admirateurs abondent. « Ma recette, disait-il, c’est d’oser». Il s’agit des plus grandes années de gloire de l’homme qui remporte d’ailleurs plusieurs prix au Gala des artistes ;
1963 Meilleure émission radiophonique pour son originalité
1965 Émission radiophonique d’humour de l’année
1968 Personnalité radiophonique de l’année
1972 Monsieur télévision
En 1970, il quitte les ondes radiophoniques temporairement en tant qu’animateur de l’émission du matin, tout en poursuivant toutefois ses insolences d’un téléphone, afin de se consacrer à la télévision où il incarne Monsieur Berger dans le célèbre téléroman « Les Berger ». Ceci jusqu’en 1976 où il est terrassé par le cancer du poumon. On lui enlève le poumon droit et lui donne 6 mois à vivre. Il avait alors 38 ans.
C’est à ce moment, qu’on cherche un remplaçant afin de poursuivre « Les insolences d’un téléphone » sur les ondes radiophoniques.
Yvan s’était complètement remis de son ablation du poumon et après 1976, on a pu le voir dans quelques productions télévisuelles et cinématographiques, bien que plusieurs le croyait alors mort ou sur le point de l’être.
Sa fille Nathalie a réalisé en 2001 une compilation sur DC des meilleures INSOLENCES des années 60, que vous pourrez bientôt vous procurer sur ce site (section BOUTIQUE à venir). C’est avec plaisir qu’Yvan Ducharme espérait réveiller avec cet album de bons souvenirs pour certains et faire découvrir chez les plus jeunes, des conversations spontanées et improvisées qui ont marqué une époque dans l’histoire radiophonique au Québec, celle des années 1960.
« Je suis de la race de ceux qui n’auraient jamais vu le jour si Dieu n’avait pas eu le sens de l’humour »
Yvan Ducharme